Jean Vincent (1957)

Biographie

 

Jean Vincent est né en 1957 à Saint Sylvestre Pragoulin dans le Puy-de-Dôme. Après avoir mené une carrière dans le domaine du social, il décide en 1984 d'explorer également sa passion pour l'art en intégrant l'école des Beaux-Arts de Bourges. C'est là qu'il rejoint l'atelier Céramique dirigé par Jacqueline Lerat. Ce choix marque le début d'une nouvelle étape dans sa vie, où il aspire à approfondir ses connaissances dans le domaine artistique et à développer sa propre démarche créative.

 

Pendant deux ans, Jean Vincent se plonge dans l'apprentissage des techniques céramiques, notamment le modelage et la cuisson au bois. Cette période lui permet d'expérimenter et de perfectionner ses compétences, tout en nourrissant sa volonté de créer des pièces uniques et authentiques.

 

C'est à travers la rencontre avec la matière et la technique que germe l'idée de créer des sculptures de feu. Jean Vincent voit dans cette démarche l'opportunité de concrétiser pleinement son intention artistique. Au fil des années, il explore différentes approches, assemblant des objets et utilisant diverses matières et techniques pour donner vie à ses créations.

 

Progressivement, son travail se concentre exclusivement sur la terre. Il adopte la technique du modelage en creux pour façonner ses sculptures, privilégiant des formes rondes et organiques inspirées de gestes, de postures et de mouvements, ainsi que des éléments naturels tels que des galets ou des rochers. Ces sculptures, déclinées en séries, trouvent leur place aussi bien en extérieur qu'en intérieur, où elles invitent à la contemplation et à la réflexion sur la nature et le mouvement.

 

À travers son parcours artistique, Jean Vincent poursuit une quête d'expression personnelle, cherchant à transmettre une émotion et une harmonie à travers ses œuvres sculpturales. Son travail témoigne d'une sensibilité particulière aux formes et aux textures, et invite le spectateur à voyager au cœur de son univers artistique empreint de poésie et de simplicité.

 

 


Expo "Traces" juin-juillet 2024

Expo "Présent.e.s" juillet-août 2024




Exposition "Présent.e.s" 25/07/24 - 31/08/24

 

- PALABRES -

 

Les Chuchoteuses,

Elles sont modelées en terre,

Cuites avec la technique du Raku.

Elles sont disposées au sol selon deux lignes :

Un cercle et une parabole.

Prêtes pour les PALABRES.

Leur forme s’inspire des rondeurs des rochers et galets de la mer.

Leur couleur cherche à retrouver la transparence des bleus

de la mer d’Iroise.

L’installation au sol est une invitation

Pour que le spectateur se mette à leur hauteur

Afin de les regarder de près et

Peut-être entendre leur murmure.

 

 

Texte de Jean Vincent - juillet 2024

 

 

 


Lui

ll est le mauvais objet, le vilain petit canard, la bête noire... Mais il est aussi le lien, le facteur commun du travail que je présente. Pour les terres enfumées je vais le produire en brûlant un mélange à base de sciure et de copeaux de bois. C’est durant la combustion lente qu’il va rentrer progressivement dans la terre en dessinant une cartographie mystérieuse venant souligner les rondeurs comme une signature, une tache de naissance. Parfois je vais incorporer au mélange des algues marines pour obtenir des nuances sépia.

Pour les Chuchoteuses, il va s'insérer dans tout le réseau de craquelures créé par le choc thermique de la cuisson raku ainsi qu’aux endroits où l'émail est absent. Les formes sont simples, les lignes tendues inspirées de postures, de gestes, d’attitudes ou parfois de rochers rongés par le temps, de galets usés par l’océan. Il va laisser ses marques, ses traces sur des rondeurs organiques lisses et sensuelles. 

 

Texte de Jean Vincent - juillet 2024

 

Galerie Catherine Pennec : De qui parle Jean Vincent ? Celle ou celui qui trouve sera invité.e à tous les vernissages de la galerie Catherine Pennec !


Entretien entre Catherine Pennec (CP), gérante de la galerie, et Jean Vincent (JV), céramiste, à propos de l'exposition "Traces" – le 20 mai 2024.

CP : Bonjour Jean, merci de prendre le temps de discuter avec moi aujourd'hui. Pour commencer, pourriez vous nous parler un peu de votre parcours et de ce qui vous a amené à la céramique ?

JV : Bonjour Catherine. Bien sûr. J'ai commencé ma carrière dans le domaine social, mais en 1984, j'ai décidé de suivre ma passion pour l'art et j'ai intégré l'école des Beaux-Arts de Bourges. C'est là que j'ai découvert l'atelier de céramique dirigé par Jacqueline Lerat, et cette rencontre a marqué un tournant dans ma vie. J'ai été fasciné par la matière, la terre, et les possibilités infinies qu'elle offre.

 

CP : Votre travail est très spécifique, avec une technique bien particulière. Pouvez-vous nous en dire plus sur le modelage en creux et la cuisson enfumage que vous utilisez ?

JV: Absolument. Je pratique le modelage en creux en utilisant la technique du colombin, qui consiste à empiler des boudins de terre pour construire la forme souhaitée. Une fois le modelage terminé, je réalise une première cuisson au four électrique à 970°C, que l'on appelle biscuitage. Ensuite, je procède à une cuisson enfumage à 760/800° durant 48h, à base de sciure et algues  bretonnes. C’est l’association des algues, de la soude et du sel qui donne à mes céramiques cette coloration Sepia.

 

CP : C’est fascinant de voir comment votre technique influence l’aspect final de vos œuvres. Vous avez mentionné l’influence de la nature et des éléments organiques. Pouvez-vous nous parler un peu plus de ces inspirations et de ce qu’elles représentent pour vous ?

JV : La nature est une source d'inspiration inépuisable pour moi. Les formes organiques, comme les galets lissés par le temps et l'eau, les courbes des montagnes ou encore les textures de la terre, ainsi que le passage implacable du temps. En travaillant la terre, je cherche à capturer ces traces, ces mouvements naturels et intemporels. Chaque sculpture est une sorte de dialogue avec ces forces, une tentative de retranscrire cette poésie naturelle dans une forme tangible.

 

CP : C'est magnifique. Vos œuvres semblent en effet capturer une sorte de sérénité et de force brute. Comment vos lectures, notamment "Lettres à un jeune poète" de Rilke, influencent elles votre travail artistique ?

JV : Rilke a toujours été une source de réflexion profonde pour moi. Dans "Lettres à un jeune poète", il parle de l'importance de regarder en soi, de trouver sa propre voix, et de ne pas se laisser influencer par les critiques extérieures. Ce message résonne fortement avec ma démarche artistique. Je m'efforce de rester fidèle à ma vision, à mon ressenti, et de créer des œuvres qui viennent du plus profond de moi-même. Ce livre m'encourage à continuer sur ce chemin introspectif et authentique.

 

CP : Vous avez également mentionné que la musique joue un rôle dans votre processus créatif. Comment choisissez vous la musique qui accompagne vos moments de création?

JV : La musique m'aide à me concentrer et à entrer dans un état de flux. J'aime écouter des artistes qui créent des atmosphères riches et évocatrices, comme Duo Peirani Parisien avec leur album "Belle époque" ou René Aubry avec "Invités sur la Terre". Ces musiques ont une qualité méditative qui correspond bien à l'acte de modeler la terre. Elles m'aident à me connecter à mes émotions et à traduire ces sentiments dans mes œuvres.

 

CP : C’est fascinant de voir comment différentes formes d’art se rejoignent dans votre processus créatif. Pour conclure, pouvez-vous nous dire ce que représente pour vous cette exposition "Traces" et ce que vous espérez que les visiteurs en retireront ?

JV : "Traces" est une exploration de l'érosion du temps, de la façon dont les éléments et les événements laissent leur marque sur le monde et sur nous. J'espère que les visiteurs ressentiront une connexion avec ces traces, qu'ils prendront le temps de contempler et de réfléchir sur leur propre passage à travers le temps. Mes sculptures, avec leurs formes organiques et leurs surfaces marquées par le feu et la terre, sont une invitation à cette contemplation. J'aimerais que chaque personne trouve sa propre signification dans ces œuvres, une trace de leur propre voyage.

 

CP : Merci beaucoup, Jean Vincent. Nous sommes impatients de partager votre travail avec le public et de voir comment chacun réagira à cette magnifique exposition.

JV : Merci à vous. J'ai hâte de voir les réactions et d'échanger avec les visiteurs. C'est toujours enrichissant de voir comment mon travail résonne avec d'autres.